LE REGARD.

Maintenant, je vais clore, Seigneur, mes paupières,
Car mes yeux ont ce soir achevé leur service.
Et mon regard, en mon âme, va rentrer
Après s'être promené une journée dans le jardin des hommes.

Merci, Seigneur, pour mes yeux, fenêtres ouvertes sur le grand large;
Merci pour le regard qui transporte mon âme
Comme le rayon généreux conduit la lumière et la chaleur de ton soleil.

Je te prie dans la nuit, afin que, demain,
Lorsque j'ouvrirai mes yeux au matin clair,
Ils soient prêts à servir et mon âme et son Dieu.

Fais que mes yeux soient clairs, Seigneur,
Et que mon regard tout droit donne faim de pureté;
Fais qu'il ne soit jamais un regard déçu, désabusé, désespéré.
Mais qu'il sache admirer, s'extasier, contempler.

Donne à mes yeux de savoir se fermer pour mieux Te retrouver;
Mais que jamais ils ne se détournent du Monde parce qu'ils en ont peur.
Donne à mon regard d'être assez profond pour reconnaître Ta Présence dans le Monde.
Et fais que jamais mes yeux ne se ferment sur la misère des hommes.

Que mon regard, Seigneur, soit net et ferme
Mais qu'il sache s'attendrir,
Et que mes yeux soient capables de pleurer.

Fais que mon regard ne salisse pas celui qu'il touche,
Qu'il ne trouble pas mais qu'il apaise.
Qu'il n'attriste pas mais qu'il communique la Joie.
Qu'il ne séduise pas pour retenir captif.
Mais qu'il invite et entraîne à se dépasser.

Fais qu'il gêne le pécheur parce qu'il y reconnaît Ta lumière,
Mais qu'il ne soit un reproche que pour encourager.
Fais que mon regard bouleverse, parce que c'est une rencontre, la Rencontre de Dieu.
Qu'il soit l'appel,
Le coup de clairon qui mobilise tout le monde sur le pas de sa porte.
Non à cause de moi, Seigneur.
Mais parce que Tu vas passer.

Pour que mon regard soit tout cela, Seigneur,
Une fois de plus ce soir,
Je Te donne mon âme;
Je Te donne mon corps;
Je Te donne mes yeux,
Afin qu'en regardant les hommes mes frères,
Ce soit Toi qui les regardes,
Et de chez moi leur fasses signe.

Michel Quoist
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