CONTES DE NOËL
ADAPTABLES POUR UNE VEILLEE.

(Autres contes en Caté. Voir partie Avent, Noël)








  • Il a besoin de tous ses outils.

  • Il était une fois, dans un petit village palestinien, un atelier de charpentier. Un jour que le maître était absent, les outils se réunirent en grand conseil sur l’établi. Les conciliabules furent longs et animés, ils furent même véhéments. Il s’agissait d’exclure de la communauté des outils un certain nombre de membres.
    L’un prit la parole:
    -Il nous faut, dit-il, exclure notre sœur la scie, car elle mord et elle grince des dents. Elle a le caractère le plus grincheux du monde.
    Un autre dit:
    -Nous ne pouvons conserver parmi nous notre frère le rabot qui a le caractère tranchant et qui épluche tout ce qu’il touche.
    -Quant au frère marteau, dit un autre, je lui trouve un caractère assommant. Il est tapageur. Il cogne toujours sur les nerfs. Excluons-le.
    - Et les clous? Peut-on vivre avec des gens qui ont le caractère aussi pointu ? Qu’ils s’en aillent!
    - Et que la lime et la râpe s’en aillent aussi. A vivre avec elles, ce n’est que frottement perpétuel. Et que l’on chasse le papier de verre dont il semble que la raison d’être dans cet atelier soit de toujours froisser!

    Ainsi discouraient en grand tumulte les outils du charpentier. Tout le monde parlait à la fois . L’histoire ne dit pas si c’était le marteau qui accusait la scie et le rabot la lime, mais il est probable que c’était ainsi à la fin de chaque séance, tout le monde se trouvait exclu.

    La bruyante réunion prit fin subitement par l’entrée du charpentier dans l’atelier. On se tut quand on le vit s’approcher de l’établi. Il saisit une planche et la scia avec la scie qui grince; la rabota avec le frère rabot au ton tranchant qui épluche tout ce qu’il touche. Le frère ciseau qui blesse cruellement, notre sœur la râpe au langage rude, le papier de verre qui froisse, entrèrent successivement en action. Le charpentier prit alors nos frères les clous au caractère pointu et le marteau qui cogne et fait du tapage.
    Il se servit de tous les outils au méchant caractère pour fabriquer un berceau …Pour l’enfant à naître. Pour accueillir la vie.








  • Le chemin des étoiles.
    Envoyé par Myriam, Belgique, Hainaut.

  • Il était une fois une petite fille qui s’appelait Elsa et qui vivait avec sa mère dans un village nommé Bethléem.
    Elles étaient si pauvres qu’elles habitaient une vieille cabane dans un champ d’oliviers laissés à l’abandon.
    Elles n’avaient pas de lit pour dormir, si peu d’habits pour se vêtir et à peine un peu de pain pour se nourrir.
    Elsa et sa mère songeaient que le monde entier les avait abandonnées.
    Personne ne venait jusque là, mais elles survivaient grâce à la débrouillardise de la fillette qui trouvait toujours quelques figues, quelques champignons, quelques épis de blé glanés çà et là. Parfois, elle trouvait des olives sur les vieux arbres rabougris et courait alors les vendre au marché du village.

    Depuis quelques jours, Bethléem était en effervescence: César Auguste avait ordonné «un recensement du monde habité» et la ville ne désemplissait pas. Mais loin de cette agitation, Elsa s’affairait à la recherche d’un peu de nourriture pour le repas.

    Tout à coup, au détour du chemin, elle rencontra une vieille femme qui lui dit:
    -S’il te plaît petite fille, donne-moi quelque chose à manger, j’ai si faim.
    Elsa qui avait un cœur d’or lui donna aussitôt le petit morceau de pain qu’elle avait eu en échange des quelques olives cueillies la veille.
    -Mille mercis, petite fille, lui dit la vieille femme. Sans toi, je serais morte de faim.

    Elsa poursuivit son chemin et arriva près d’une source cachée par des figuiers sauvages et de grosses pierres. L’endroit était calme et tranquille… Elsa remplit son panier avec les figues bien dorées puis se désaltéra avec l’eau fraîche de la source. C’est alors, qu’elle entendit des petits gémissements… Elle écarta les feuilles du figuier et découvrit deux enfants qui pleurnichaient. Apeurés, ils reculèrent et se tassèrent sous les buissons.
    "N’ayez pas peur petits! Je ne vous ferai pas de mal. Mais pourquoi pleurez-vous ainsi?
    "Nous…nous…nous sommes perdus", bégayèrent les enfants entre deux sanglots.
    "Mais où habitez-vous?"
    "Oh, très loin d’ici, répondirent les enfants, mais nos parents sont à Bethléem pour le recensement. Ils logent chez Sarah, la couturière."
    "Calmez-vous petits, je vais vous indiquer le chemin. Mais prenez ces figues, elles vous réconforteront."
    Et Elsa indiqua la route aux enfants puis reprit son chemin dans les collines de Bethléem.

    Déjà, le pâle soleil d’hiver se couchait. Elle se mit alors à ramasser des brindilles pour le feu, car les nuits sont parfois très froides sous le ciel de Palestine et on avait du mal à colmater les trous dans les murs de la pauvre cabane!
    Alors qu’elle s’apprêtait à rentrer, Elsa entendit une faible voix qui appelait. Elle vit alors un vieillard tout grelottant, étendu sur le chemin. Aussitôt, Elsa le couvrit avec son châle et s'inquiéta:
    "Mais que faites-vous là, par terre, à cette heure?"
    "Ah petite! Il y a longtemps que je suis étendu ici… J’étais venu chercher du bois pour allumer le feu alors que le soleil était encore haut. Mais voilà, je suis tombé et je n’arrive pas à me relever tant ma jambe me fait mal."
    "Attendez, je vais vous soigner!"
    Elsa avait justement un peu de plantain avec elle. Elle couvrit la plaie du vieillard et lui fit un solide bandage avec le morceau de drap qui traînait dans sa poche. Elle aida alors l’homme à se relever et l’aida à rejoindre sa petite maison, dans le bois, derrière la colline. Là, elle fit un bon feu avec les brindilles qu’elles avait ramassées afin de réchauffer le vieil homme.
    "Oh, merci, chère petite!" s’exclama le vieillard. "Tu as vraiment un cœur d’or! Dieu te le revaudra, j’en suis sûr!"

    Maintenant, il faisait nuit. Elsa se hâta de rejoindre sa mère qui devait s’inquiéter. Certes, elle n’avait plus de fruits à manger, ni de châle pour se réchauffer, mais elle se sentait si heureuse d’avoir rendu service. Malgré le froid de la nuit, régnait une douce chaleur au fond de son cœur. Mais bientôt Elsa se retrouva seule, perdue dans ce bois qu’elle ne connaissait pas… Elle tâtonnait dans le noir, essayant de repérer les collines qu’elle parcourait chaque jour, lorsqu’elle entendit une voix qui murmurait:
    - Toi qui n’avais rien, tu as tout partagé. Toi qui te sentais abandonnée, tu as soulagé les autres… Suis maintenant le chemin des étoiles et garde confiance!
    C’est alors qu’une multitude d’étoiles éclairèrent la route d’Elsa. Elles formaient un chemin et brillaient de plus en plus pour guider les pas de l’enfant. Elsa croyait rêver tant le chemin était illuminé. C’est alors qu’elle aperçut un être tout auréolé de lumière qui s’approcha et lui dit:
    "N’aie pas peur, petite fille! Dieu a vu ton cœur d’or et c’est toi qu’il a choisie pour m’accompagner et annoncer la joyeuse nouvelle du Sauveur à tous ceux qui sont pauvres et rejetés…"
    Un Sauveur… Elsa ne comprenait pas, mais elle suivit l’ange, pressentant que quelque chose d’extraordinaire allait se passer. Ils arrivèrent bientôt près d’un grand champ où des bergers passaient la nuit avec leurs troupeaux. Une lumière éblouissante les enveloppa soudain. Réveillés en sursaut et effrayés, ils voulaient s'enfuir. Le messager leur dit alors:
    "N’ayez pas peur! C’est une bonne nouvelle que je viens vous annoncer, une grande joie pour tout le peuple:
    aujourd’hui, un Sauveur est né pour vous, c’est lui le Messie que vous attendez. Allez le voir! Vous le reconnaîtrez à ce signe: le nouveau-né est couché dans une mangeoire.

    A nouveau les étoiles semblaient former un chemin comme pour indiquer la route… Les bergers suivirent alors l’enfant qui déjà avait pris le chemin des étoiles. Et quand celles-ci s’arrêtèrent au-dessus d’une vieille cabane, Elsa n’en crut pas ses yeux… C’était dans sa pauvre masure que Jésus, le Sauveur, le Messie, avait trouvé un abri. Une étoile scintillante enveloppait maintenant toute la petite cabane d’une immense clarté. Un enfant y était couché dans la paille d’une mangeoire, comme l’ange l’avait dit. Elsa sentit un immense bonheur l’envahir et une grande paix emplir son cœur. Alors, tombant à genoux, elle se mit à prier. Et l’enfant lui sourit. Alors, tous ceux qui étaient là avec elle, les bergers et tous ceux qui s’étaient approchés, tous sentirent aussi ce grand bonheur dans leur cœur et une lumière nouvelle se répandit tout autour d’eux. Et la terre entière sut que cette nuit-là un Sauveur était venu ouvrir aux hommes le chemin de la paix et du bonheur.

    D’après une histoire-parabole publiée dans "A travers chants", n°47, nov. 98.







  • Les quatre bougies du petit berger: conte et diaporama.
    Conte envoyé par Myriam, Belgique, Hainaut. Diaporama envoyé par Rose-Marie, Camps en Amiénois

  • L’histoire se déroule à Bethléem, en Judée, une bourgade située près de Jérusalem.
    La campagne environnante est particulièrement calme.
    Jour et nuit sur les collines, des bergers veillent à la garde de leurs troupeaux.
    Depuis quelques jours, ils sont tout de même un peu troublés par l’afflux de voyageurs, qui sillonnent les chemins et qui viennent se faire inscrire sur un parchemin tenu à jour par le scribe du village. La raison est simple: l’empereur César Auguste veut connaître le nombre de ses sujets; il a donné l’ordre suivant: tous les chefs de famille iront se faire inscrire dans leur ville d’origine, avec leurs femmes et leurs enfants.
    Parmi la foule, Joseph et Marie voyagent sans être remarqués. Marie est enceinte; elle va bientôt accoucher.
    En arrivant à Bethléem, Joseph et Marie connaissent des moments difficiles. Toute la journée, ils cherchent un abri. En vain. Au soir tombant, ils entrent dans une étable vide et s’estiment heureux de trouver de la paille et du silence pour se reposer. Peu de temps après leur arrivée, Marie met au monde son enfant un garçon, le Fils premier-né. Elle l’enveloppe de langes et le couche dans une mangeoire.

    Les bergers ne s’intéressent guère au recensement: ils ont déjà bien assez à compter leurs moutons. Sous les étoiles, ils se contentent d’un léger sommeil. Une belle nuit sans nuage, les voilà réveillés par un être extraordinaire qui vient à leur rencontre. Une lumière éblouissante les enveloppe soudain. Effrayés, ils n’ont même pas la force de s’enfuir. Le messager leur dit: «N’ayez pas peur! C’est une bonne nouvelle que je viens vous annoncer, une grande joie pour tout le peuple: aujourd’hui, un sauveur est né pour vous, c’est lui le messie que vous attendez. Allez le voir! Vous le reconnaîtrez à ce signe: le nouveau-né est couché dans une mangeoire."
    Et soudain dans le ciel, une foule immense se met à chanter les louanges de Dieu: «Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes qu’il aime!»

    Le premier moment de surprise passé, les bergers se demandent s'ils n'ont pas révé.
    Comment?
    Le Sauveur est né?
    Ici?
    Est-ce possible?
    Il faut aller le voir!
    Moi, j’emporte une couverture de laine! Ce sera mon cadeau pour le sauveur!
    Moi, j’offrirai la plus belle flûte que j’aie jamais construite de mes mains.
    Moi, je lui ferai cadeau de ce savoureux fromage!
    Moi, de ce lait de brebis!
    Moi, de mon bâton de berger!
    Moi, de ce petit agneau nouveau-né!
    Chacun prépare en hâte son cadeau, persuadé qu’il fera honneur à ce sauveur qui leur tombe du ciel. Chacun, sauf daniel.
    -Je me demande ce que je pourrais bien lui offrir à ce nouveau-né?
    -Mais tu n’y penses pas! Tu es bien trop petit pour aller jusqu’à Bethléem. Tu vas nous retarder. Et puis de toute façon, il faut que quelqu’un reste ici pour garder le troupeau.
    C’est ainsi que daniel regarda tristement ses camarades partir tout joyeux vers la crèche. Il aurait tant aimé s’y rendre lui aussi. Il confia son chagrin à son meilleur ami, un petit agneau qui s’appelait Noiraud. Il le prit dans ses bras, s’assit sous un figuier et s’assoupit…
    Quand Daniel se réveilla, l’agneau n’était plus dans ses bras. Il bondit, appela: «Noiraud… Noiraud!» Il le chercha partout, mais il ne le trouva nulle part. L’agneau avait bel et bien disparu. Alors, inquiet, le petit Daniel partit à la recherche de son mouton.

    Daniel cherchait depuis longtemps déjà, sans succès! La flamme de sa lanterne s’était éteinte si bien qu’il ne savait plus très bien où il se trouvait.
    -Qui va là?
    Un homme très grand se dressa devant Daniel.
    -Bonjour, Monsieur, je suis content de rencontrer quelqu’un. J’ai un peu peur dans tout ce noir.
    -Je ne te fais pas peur? s’étonna l’homme qui était un voleur.
    -Non, peut-être pourrez-vous m’aider?
    -T’aider? dit l’homme de plus en plus étonné.
    -Oui, j’ai perdu mon petit mouton.
    -Ton mouton? J’en ai vu un dans le champ derrière la colline. N’est-ce pas un petit mouton noir?
    -Oui, ça ne peut être que lui! Oh merci, Monsieur, s’écria Daniel en sautant au cou du voleur. Maintenant il faut vite que je parte.
    -Attends! Tu vas te rompre le cou à marcher comme cela dans le noir. Prends cette bougie.
    Pour le voleur, cette brève rencontre avait été comme une lueur dans les ténèbres. La naïveté et la tendresse du petit berger l’avaient ému. Et puis, c’était la première fois qu’on lui faisait confiance…

    Tout ragaillardi par sa rencontre avec le voleur et rassuré par la petite lumière qu’il emportait avec lui, Daniel parvint rapidement derrière la colline.
    -Noiraud…Noiraud! Où te caches-tu?
    Il y avait une lumière au bout du champ. Daniel s’en approcha, c’était la lampe d’une petite cabane. Alors qu’il allait frapper à la porte, Daniel entendit un gémissement. Une vieille dame était étendue par terre. Daniel se précipita vers elle.
    -Que vous est-il arrivé?
    -Ah! petit! C’est Dieu qui t’envoie. J’ai fait une mauvaise chute et je n’arrive plus à me relever et ma jambe me fait horriblement mal.
    -Ne vous inquiétez pas, je sais faire les bandages!
    Le petit berger aida la vieille femme à se relever et à s’installer dans un fauteuil. Il lui fit alors un bon bandage.
    -Qui appelais-tu, comme ça, demanda-t-elle alors?
    -Mon mouton, Noiraud, il s’est échappé!
    -Quelle chance que tu sois passé ici, petit! Tiens, prends cette bougie, qu’elle t’aide à retrouver ton mouton!
    Pour la vieille, cette rencontre avait été comme une lueur dans les ténèbres. Elle avait été attendrie par la délicatesse et la détermination du petit berger.
    Daniel prit congé de sa nouvelle amie et se remit en route. Bientôt, il arriva dans une petite ville. Il avait beaucoup marché et était fatigué et il avait faim aussi. Il s’assit sur le bords d’un puits et sortit un morceau de pain de son sac. C’est alors qu’il s’aperçut qu’il n’était pas seul. Non loin de là, un homme maigre, habillé de loques, le regardait d’un air envieux. Sans dire un mot, Daniel partagea en deux son morceau de pain et en donna une part au misérable. Ils mangèrent en silence. Après un moment, l’homme pauvre se leva et tendit une bougie à Daniel.
    -Prends cette bougie! Comme tu as partagé avec moi le pain, je veux partager avec toi la chaleur et la lumière.
    Cette rencontre avait été pour le pauvre homme comme une lueur dans les ténèbres. Il avait été touché par la générosité du petit berger.

    Daniel fit un signe d’au revoir et se remit en route. Il chantonnait. Le pain est toujours meilleur quand il est partagé, se dit-il… Mais au détour d’une ruelle, il croisa une petite fille qui pleurait. -Pourquoi pleures-tu?
    -J’ai perdu ma poupée. La nuit est tombée et je n’ose plus rentrer à la maison.
    -Oh! Ne pleure plus! Tiens, je te donne mon harmonica.
    La fillette toute consolée lui donna alors une bougie.
    -Prends-la! Quand tu l’allumeras, tu penseras à moi!
    Cette rencontre avait été pour l’enfant comme une lueur dans les ténèbres. Ce geste d’amitié du petit berger l’avait touchée au plus profond de son cœur.

    Daniel partit vraiment joyeux. Que de rencontres et que de lumière reçue en cette étrange nuit. Mais, le chemin se faisait long. C’est vrai que Daniel était petit pour parcourir de telles distances. Et toujours pas de trace de Noiraud! Découragé, Daniel se mit à chercher un endroit pour y dormir. Il aperçut une étable à l’écart du village. D’un pas décidé, il s’en approcha, poussa la porte et … Oh, surprise! Il y avait là Jonas, Mathieu, Joseph, Jean, Jérémie, Elie, Simon… Tous ses copains bergers étaient là. Les regards de tous étaient posés sur un petit bébé qui dormait dans une mangeoire. Mais alors, il était là où il avait tant espéré se rendre, auprès du Messie, auprès du sauveur. Il sentit se presser contre ses jambes fatiguées quelque chose de doux, de chaud. Il se pencha et vit le petit mouton qu’il avait tant cherché.
    -Bonjour! Petit berger!
    Daniel sursauta. C’était la maman de l’enfant nouveau-né qui parlait.
    -Bonjour! dit daniel. Tout tremblant, il s’avança et il déposa devant le nouveau-né les quatre bougies qui avaient éclairé sa route.
    -Voilà mon cadeau. Ces petites lumières sont nées des rencontres que j’ai faites pour venir jusqu’ici. Elles sont nées de peu de chose, d’un regard, d’un sourire, d’une main tendue, de confiance redonnée.
    Comme il parlait, les petites bougies se mirent à briller de plus en plus fort. La petite étable était inondée de lumière. Cette lumière se mit à jaillir au-dehors. Et tous les bergers qui étaient là s’en firent les porteurs. Elle se communiqua ainsi de maison en maison, de village en village, de pays en pays, jusqu’à ce que la terre en fut baignée.



    La lecture contée de l’Evangile est tirée du livret «Mes amis, écoutez la nouvelle»
    Le conte est tiré du livre «Les quatre bougies du petit berger», Ed. Nord-Sud.

    Diaporama: peut être assez long à télécharger...
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  • La tunique de Raïcha.
    Envoyé par soeur Thérèse et Agnès.

  • C’était un jour de marché.
    La ville résonnait des cris des marchands.
    Les gens se bousculaient à travers les ruelles étroites.
    Soudain la foule commença à s’agiter, une rumeur s’enfla de proche en proche…
    Des enfants couraient en criant:
    «Ils s’en vont, ils s’en vont!»
    Des femmes disaient en se hâtant:
    «C’est à cause d’une étoile…»
    Des vieillards répétaient gravement:
    «Le roi du monde est né…»
    D'autres encore criaient:
    «Ils s’en vont, les savants qui parlent aux étoiles.
    Ils s’en vont, Gaspar, Melchior, Balthazar.
    Ils s’en vont derrière une étoile!»


    Un garçon de douze ans, agile et nerveux se faufila aux premiers rangs de la foule. Il s’appelait Raïcha.
    Il s'approcha des trois hommes qui s'affairaient autour de leurs chameaux et dit à l'un d'eux:
    «Moi aussi, je voudrais suivre l'étoile et aller là où elle m'emmènera. Permets-moi de vous accompagner, je veux aussi aller là-bas.»
    Gaspar répondit:
    «Tu es bien jeune pour nous suivre... Et puis qu’offriras-tu? Regarde, nos présents sont déjà prêts!»
    Raïcha baissa la tête. Il n’avait que ses mains, il n’avait que son cœur.
    Balthazar lui dit encore:
    «Nous attendrons l’aube pour partir…»

    Raïcha rejoignit sa mère dans leur petite maison.
    Il lui confia son désir de partir, d’avoir un trésor à offrir au Roi du monde, lui aussi.
    La mère de Raïcha filait le chanvre. Elle écouta son fils et son visage s’éclaira d’un sourire.
    «Je sais moi, ce que tu offriras.»
    Elle alla vers un vieux coffre vermoulu et en tira une tunique de soie à larges bandes de couleur.
    Raïcha ébloui, regardait la tunique scintillante. Sa mère lui dit:
    «Je l’ai tissée pour toi, Raïcha, pour qu’un jour tu sois le plus beau.
    Mais vois-tu, mon fils, si ton cœur décide de la donner, tu es libre…»
    «Cette tunique a une histoire. Tout au long de ma vie, j’ai rencontré des amis.
    Ils m’ont donné des fils de soie qui ont tissé cette tunique. Ils y ont mis leurs peines, ils y ont mis leurs larmes.
    Si tu donnes cette tunique au Roi du Monde, il comprendra.
    Ecoute Raïcha, écoute......

    C’est la tunique d’Arka, le vieux semeur.
    Un jour j’ai soigné sa fièvre…
    il m’a donné cet écheveau de soie bleue…
    C’est la couleur de l’amitié…

    C’est la tunique de Septira, la vieille mendiante, que ses fils et ses filles avaient oublié.
    Je l’ai si longtemps écoutée.
    Elle m’a donné cet écheveau de soie grise.
    C’est la couleur de la solitude…

    C’est la tunique de Rila, le serviteur qui peinait durement sur sa terre.
    Le maître, sans pitié, n’accordait aucun repos…
    Avec lui, j’ai bêché jusqu’à la tombée de la nuit pour l’aider.
    Il m’a donné cet écheveau de soie jaune.
    C’est la couleur de la sueur, c’est la couleur de la misère.

    C’est la tunique de Malenda, qui pleurait près de son enfant mort…
    Rien, je ne pouvais rien pour elle.
    Je lui ai pris la main et nous avons pleuré ensemble.
    Elle m’a donné cet écheveau de soie blanche. C’est la couleur de la peine…
    Elle m’a donné ces quelques fils d’argent, ce sont nos larmes partagées…

    C’est la tunique de Yogi et Vrenella, si beaux et si jeunes en leur matin de noces.
    Ils m’ont dit: « viens chanter avec nous, viens danser avec nous et prends cet écheveau de soie verte…
    C’est la couleur de notre joie … C’est la couleur de notre espoir…

    Avec le blanc, couleur de peine, et le vert, couleur de joie, avec le gris de solitude de le doux bleu de l’amitié, avec la fleur de la vie et la fleur du souvenir, avec le jaune de la misère et le blanc linceul de la mort, heure après heure, mon fils, j’ai tissé la tunique.

    Un jour j’ai vendu tout ce que j’avais pour un écheveau de soie rouge. Car le rouge est couleur d’amour, couleur de la tendresse de chaque jour…



    A l’aube, discrètement, la caravane des Rois mages s’en est allée, avec Gaspar, Balthazar et Melchior …et Raïcha.
    L’étoile brillante les a guidés.
    Elle s’est arrêtée à Bethléem, et ils sont entrés dans la maison du Roi du monde.
    «Voici de l’or pour ce petit Roi nouveau-né» a dit Gaspar.
    «Et voilà l’encens pour ce fils venu du ciel» a dit Melchior.
    «Que la myrrhe lui soit hommage» a dit Balthazar.
    Et Raïcha a murmuré:
    «Voici la tunique de soie que ma mère a tissée pour toi».
    L’enfant s’en est amusé parce que la tunique était colorée. Et soudain, serrant contre lui la tunique rayée, sans encore en savoir tout le prix, l’enfant Jésus, pour la première fois, à pleines mains a saisi la vie des hommes pour qu’elle devienne sa joie.